L’Église protestante organisait mercredi soir au temple des Pâquis et au palais Mascotte un réveillon de Noël pas comme les autres.
Genève, le 24 Décembre 2014. Réveillon de Noël au Temple des Pâquis ; des bénévoles servent la soupe aux cardons. Le repas sera suivi d’un spectacle au Palais Mascotte : « Pourquoi Jésus est né aux Pâquis ? ».
Au menu : soupe de cardons, clémentine et gâteau à la carotte. On est loin du foie gras et de la bûche chocolatée. Pourtant, les convives réunis en ce 24 décembre au soir, dans le temple aux Pâquis affichent un large sourire. À l’image d’Estelle. La jeune catéchumène de 17 ans a entraîné toute sa famille dans cette veillée d’un genre particulier. « C’est Jean-Mi notre pasteur, qui nous en a parlé au catéchisme », précise-t-elle. Jean-Mi pour les intimes n’est autre que le pasteur Jean-Michel Perret, à l’origine de cette soirée décalée intitulée « Pourquoi Jésus est né aux Pâquis ? »
La maman d’Estelle, Catherine Bodenmann est ravie de ce changement. « On a suivi avec plaisir. On se retrouve bien dans la religion protestante. Et on apprécie toujours beaucoup ces moments de retrouvailles, de rencontres, de partage à la paroisse. »
« Ici, tout le monde est regroupé »
Nombreux sont les gens du sérail dans la salle. Mais pas seulement. Emilie, une habitante des Pâquis d’origine chinoise âgée de 46 ans, a vu une affiche à la bibliothèque du quartier. « C’était cet après-midi, alors que je ramenais un livre. Je me suis dit : pourquoi pas ! » De sensibilité bouddhiste, la quadragénaire a embarqué une amie. Toutes deux adhérant au concept et partagent la soupe avec d’autres convives attirés par la publicité sur les bus TPG. « L’idéal, c’est qu’il y ait des gens de l’extérieur, qu’il y ait un mélange », explique le pasteur, avant de se lever pour accueillir « le premier dealer » de la soirée.
Ils sont 7 à 8 à oser franchir le seuil du temple. « Dans notre pays, le Sénégal, nous les musulmans, on vit en bonne entente avec les chrétiens. Ici, tout le monde est regroupé, les jeunes, les vieux… », commente Adama, tout en épluchant une clémentine.
Du lac de Tibériade au Léman
Lui et ses camarades ne pousseront tout de même pas jusqu’au Palais Mascotte pour assister au spectacle de Jean-Michel Perret. S’inspirant du retable de Konrad Witz « La pêche miraculeuse », le pasteur monte sur scène pour un one man show d’une heure, enchainant poèmes, anecdotes, chansons et jongleries.
« Le peintre déplace l’évangile du lac de Tibériade au lac Léman. Alors, je me suis dit, pourquoi pas ? Pourquoi Jésus ne serait-il pas né aux Pâquis ? » Dans le public, chacun a sa réponse à cette question. Pour Estelle, « c’est pour ouvrir le cœur des gens et pour aider ceux qui sont perdus à trouver le chemin. » Pour Timothé, un autre adolescent, « c’est parce qu’il y a de la vie aux Pâquis et Jésus était un bon vivant ». Le mot de la fin revient à Paul : « Parce que c’est ici que je crèche ».
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