Au fait, c’est déjà quoi Pentecôte?

Le contexte présenté par Anouk Dunant Gonzenbach

Pentecôte est une fête chrétienne célébrée le septième dimanche après Pâques (plus exactement le cinquantième jour à partir de Pâques) et dix jours après l’Ascension pour commémorer la descente du Saint-Esprit sur les apôtres. Le mot « Pentecôte » vient du grec ancien et signifie « cinquantième jour ».

Ce que dit le texte :

« Quand le jour de la Pentecôte arriva, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Tout à coup, il y eut un bruit qui venait du ciel comme le souffle violent d’un coup de vent : la maison où ils se tenaient en fut toute remplie ; alors leur apparurent comme des langues de feu qui se partageaient et il s’en posa sur chacun d’eux. Ils furent tous remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler d’autres langues, comme l’Esprit leur donnais de s’exprimer. »

Où dans la Bible trouve-t-on ce récit ?

On trouve ce récit dans le livre des Actes des Apôtres, qui est écrit après l’Évangile de Luc, mais que l’on trouve dans la Bible après l’Évangile de Jean (Actes 1, 2).

Que signifie la Pentecôte ?

Cet événement signifie que Dieu donne son esprit, l’Esprit saint, à tous. Pentecôte fait intervenir la troisième personne de la Trinité, le Saint Esprit. Les disciples qui l’ont reçu peuvent alors le répandre à tout le monde, dans toutes les langues et annoncer que le Christ est vivant. Pentecôte est également considéré comme la date de naissance de l’Église au sens collectif.

Pourquoi le lundi de Pentecôte ?

Pentecôte tombe toujours un dimanche entre le 10 mai et le 13 juin. Elle se poursuit le lendemain, dans certains pays, par un lundi de congé, appelé le « lundi de Pentecôte ».

Depuis quand fête-t-on Pentecôte ?

Pentecôte est à l’origine la fête de la moisson, puis elle devient la fête juive qui commémore l’Alliance de Dieu avec son peuple et qui a lieu 50 jours après Pâques. Pentecôte devient ensuite également une fête chrétienne. C’est ainsi une fête qui marque la naissance des deux religions : les juifs commémorent le jour où Moïse reçoit les dix commandements, les chrétiens celui où les disciples de Jésus reçoivent l’Esprit saint.

Comment se fête la Pentecôte dans la Genève réformée ?

Les fêtes sont bannies du calendrier genevois à la Réforme. À partir de 1550, le seul jour chômé est le dimanche. À partir du 17e siècle, certaines fêtes sont réintroduites, comme la fête des Rois. C’est à partir du 18e siècle que l’on recommence timidement à fêter les jours importants, explique le professeur Christian Grosse.

La Pentecôte pour aujourd’hui ?

Profitons-en pour parler ici de la croix huguenote et de la colombe qui la compose, souvent associée à Pentecôte. La colombe qui pend sous la croix représente le Saint-Esprit, oiseau qui descend du ciel vers la terre, symbolisant la présence de Dieu qui descend sur nous. Cette colombe est également représentée par une goutte, interprétée de diverses manières : une larme, une fiole, ou la langue de feu que reçoivent les disciples le jour de Pentecôte. Beaucoup de choses ont été écrites sur le lien entre la croix huguenote et Pentecôte. (voir « pour aller plus loin »).

On peut voir en cette colombe une image antérieure, celle de l’Esprit Saint qui descend sur Jésus le jour de son baptême. La Bible raconte que lorsque Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau, les cieux s’ouvrirent et il vit alors l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. L’Esprit Saint est alors en Jésus, sur terre. Après l’Ascension, il est remonté auprès de Dieu. C’est à Pentecôte qu’il revient sur terre, et l’image de la colombe est à nouveau là.

 
La Pentecôte dans l’histoire des images ? Un insigne présenté par Jean Stern
museeprotestant.org © S.H.P.F

Les artistes ont souvent représenté l’Esprit Saint de la Pentecôte, mais quand ils s’engagent sur la piste des lueurs mystiques, c’est assez difficile : plus les images sont récentes et plus elles font figures d’illustrations « new age ». Une solution plus sobre est la représentation de l’Esprit par une colombe (et qui est aussi, comme évoqué ci-dessus, celle du baptême de Jésus).

Mais si cette colombe est bel et bien celle qui s’associe à la croix protestante, alors on peut découvrir que les protestants ont ajouté un huitième don aux sept dons de l’Esprit Saint des catholiques, celui de la résistance : Voyez ce petit insigne étonnant des combattants protestants de la France libre. Tout en bas, qui trouve-t-on ? la colombe de l’Esprit Saint, qui enjoint : « résistez » et qui fait référence au mot  « Résister » gravé sur une pierre de la prison d’Aigues-Mortes (dans la tour de Constance, aussi visible sur l’insigne) et attribué à Marie Durand qui, au 18e siècle, refusa durant 38 ans d’abjurer sa foi protestante. Résister : cela a fait sens il y a tout juste 75 ans, un 6 juin, et autrefois à la libération de Marie Durand, en 1768.

Le regard décalé de Jean-Michel Perret
 
À Babel, l’homme se fait dieu
A Noël Dieu se fait homme.
 
À Babel,
L’homme succombe à la fiction
De toucher du doigt le Ciel.
 
Au Golgotha,
L’homme succombe à la crucifixion
Et se voit abandonné du Ciel.
 
À Babel,
L’homme voit éclater
L’unité originelle.
 
À Pâques,
La mémoire du un
Supplante l’éclatement de la croix.
 
À Babel,
L’ascension de l’homme
Précède sa chute.
 
À l’Ascension
La Terre s’approche du Ciel
Et il n’y a pas d’échelle.
 
À Babel,
Le Ciel se refuse à l’homme
Qui cherche à le gagner
Par ses propres moyens,
Et voilà la dispersion
À la surface de la terre
Et voilà l’incompréhension
Qui s’érige en barrière.
 
À Pentecôte
Le Ciel se fait flamme
La langue se fait feu
Et voilà l’homme qui proclame
Les merveilles de Dieu
Tout témoin étranger
Les entend dans sa langue maternelle.
 
À Pentecôte, l’anti-Babel,
L’homme dispersé
À la surface de la terre
Retrouve l’unité
Grâce à un Dieu qui fait avec
Plutôt que de contrer.
 
Envie d’aller plus loin ?
 
Croix huguenote :

Bijou composé d’une croix de Malte « boutonnée » avec échancrures triangulaires à l’extrémité de chaque branche (très proche, jusque dans les fleurs de lys qui y figurent souvent, de la croix de l’Ordre du Saint-Esprit institué par Henri III en 1578) et portant en pendentif une colombe du Saint-Esprit « rayonnante ». Cette croix semble avoir été imaginée vers 1688 par un orfèvre de Nîmes nommé Maystre, et elle fut rapidement adoptée par les protestants du Sud-Est de la France. Cet hommage au Saint-Esprit étant à la fois une affirmation de leur adhésion à la doctrine du sacerdoce universel et un signe de reconnaissance difficilement punissable par les persécuteurs, car il dérivait d’une décoration monarchique officielle, reconnue par l’Église romaine (l’Ordre du Saint-Esprit).

Dans certaines croix huguenotes, le pendentif ne représente pas une colombe mais une sorte de boule allongée appelée « trissou » (pilon) en langue d’oc. Selon Pierre Bourguet, ce serait une « ampoule », sorte de petite bouteille semblable à la « sainte ampoule » (sur laquelle figurait la colombe du Saint-Esprit) conservée à Reims jusqu’à la Révolution et contenant les huiles utilisées pour l’onction royale lors des sacres des rois de France, « sainte ampoule » qui, selon la légende, aurait été apportée à saint Rémi par une colombe lors du baptême de Clovis. La dénomination « croix huguenote » remonte à la fin du 19e siècle ; auparavant, on l’appelait parfois « Saint-Esprit » ou, plus rarement, « croix cévenole ». Avant la fin du 19e siècle, elle n’était pas très répandue en dehors de la région Cévennes-Languedoc.
 
Marie Durand (1712-1776)

Sœur de Pierre Durand, pasteur du désert mort martyr, elle a été enfermée pour cause de religion à la tour de Constance, au sud de Nîmes, en 1730, pour n’en sortir que trente-huit ans plus tard. Retirée dans la maison de sa famille au Bouschet de Pransles en Ardèche, elle a survécu grâce aux subsides de l’Église wallonne d’Amsterdam. Marie Durand, connue également par sa correspondance, et ses compagnes représentent, dans le protestantisme français, une figure emblématique de la persécution, de la résistance et de la tolérance religieuse. Le mot « résister », gravé sur la margelle du puits de leur prison, résume le sens de leur vie et de leur témoignage.  
 
Définitions tirées de : Pierre GISEL, dir., Encyclopédie du protestantisme, Editions du Cerf, Paris, Labor et Fides, Genève, 1995.