C’est un chœur gospel universitaire qui répète tous les jeudis soirs au gré des Erasmus, des examens et des semestres, un chœur avec un noyau malgré tout plutôt stable.
C’est un chœur à Genève dans ce que la Cité fait de mieux, un rassemblement de nationalités, de provenances, d’histoires, de différences, de niveau musical et de voix.
Un chœur gospel qui chante en anglais, mots qui étrangement sonnent plus laïc aux yeux de tous que les mêmes paroles en français. Ce que note avec malice le pasteur qui les dirige.
C’est un chœur qui pour le concert de Noël choisit de s’émanciper de son chef le temps de quelques chants, préparés et répétés par des universitaires complices au fil du temps ; regards de confiance avec la pianiste revenue d’un échange à l’autre bout de la terre.
C’est des étudiants de ce chœur qui le soir du concert viennent bien plus tôt dans ce temple un peu cosy, déjà l’odeur de bougie et de mandarine, les mains sur les touches du piano.
C’est un jeune ténor irlandais qui répète en anglais le minuit chrétien dans ce temple encore vide, le monde entier est concentré dans ce chant dont la profondeur transperce et remplit.
C’est la voix de ce même jeune ténor irlandais qui deux heures plus tard fait résonner à nouveau en anglais le minuit chrétien dans le temple rempli à craquer et tendu d’une attention extrême, c’est l’esprit de Noël qui est venu là tout simplement, à cet instant c’est Noël même pour ceux qui n’y croient pas, ce n’est pas assister à un concert mais participer à quelque chose qui dépasse, c’est un moment dont on ne sort pas indemne car c’est plus que de l’espérance, c’est un moment où tout est à sa place dans une rare communion.