alors le Joseph a pris l’homme et l’a mis
tout au fond
bien au fond du trou
un trou tout beau tout neuf
un tombeau fraîchement taillé
voilà l’homme
quel était son nom
de Dieu voilà l’homme au fond d’un trou
un point c’est tout
***
c’est là que finit l’histoire
comme quand tu marches sur la jetée
et que tu cherches à aller loin
très loin si loin
pour le trouver
trouver l’espoir
mais il y a la barrière
tu parviens à avancer encore de deux pas sur une planche puis
il y a la barrière
pourtant tu vois devant toi les pierres
et tu te dis que
tu pourrais aller plus loin
tu pourrais aller plus loin
tu peux aller plus loin
mais pour ça la jetée de béton ne suffit pas
non
il y a peut-être une autre voie
une autre voix
vois
un peu avant la fin sur la gauche
il y a trois petites pierres
des pierres
oui
pierres
là où la foulque se nettoie les ailes
il y a trois petites pierres qui sortent un peu
de l’eau
tu comprends il faut essayer
déranger la foulque
de tes pieds les pierres fouler
mais la foulque
elle
est légère
et sous ton pied la pierre
va-t-elle trembler
qu’importe
un peu avant la fin sur la gauche il y a trois petites pierres
tu en profites
tu traverses
et te voici les grosses pierres sous tes pieds
te voici au-delà du phare
au bout de la jetée
c’est là que finit l’histoire
et commence la beauté
d’autre chose
parce que l’histoire c’est bien
mais tu recherches
autre chose
tu as soif d’étonnement
et ça tombe bien écoute
ça tombe
bien
regarde
tu es là
sur la dernière pierre
à tes pieds le clapotis léger des vagues
sans cesse
renouvelées renouvelées renouvelées
devant toi l’étendue de l’eau qui t’offre
autre chose
autre chose que la fin de la triste histoire
le début de tout autre chose
un commencement d’infini
au commencement
au commencement il y a
la terre
la terre qui tremble
encore
de nouveau
à nouveau au commencement
la terre tremble
et la pierre roule
attention ne tombe pas dans l’eau
ton pied est bien assuré
comme quand tu marches sur la jetée
et que tu cherches à aller loin
très loin si loin
pour le trouver
trouver l’espoir
mais il y a la barrière
tu parviens à avancer encore de deux pas sur une planche puis
il y a la barrière
pourtant tu vois devant toi les pierres
et tu te dis que
tu pourrais aller plus loin
tu pourrais aller plus loin
tu peux aller plus loin
mais pour ça la jetée de béton ne suffit pas
non
il y a peut-être une autre voie
une autre voix
vois
un peu avant la fin sur la gauche
il y a trois petites pierres
des pierres
oui
pierres
là où la foulque se nettoie les ailes
il y a trois petites pierres qui sortent un peu
de l’eau
tu comprends il faut essayer
déranger la foulque
de tes pieds les pierres fouler
mais la foulque
elle
est légère
et sous ton pied la pierre
va-t-elle trembler
qu’importe
un peu avant la fin sur la gauche il y a trois petites pierres
tu en profites
tu traverses
et te voici les grosses pierres sous tes pieds
te voici au-delà du phare
au bout de la jetée
c’est là que finit l’histoire
et commence la beauté
d’autre chose
parce que l’histoire c’est bien
mais tu recherches
autre chose
tu as soif d’étonnement
et ça tombe bien écoute
ça tombe
bien
regarde
tu es là
sur la dernière pierre
à tes pieds le clapotis léger des vagues
sans cesse
renouvelées renouvelées renouvelées
devant toi l’étendue de l’eau qui t’offre
autre chose
autre chose que la fin de la triste histoire
le début de tout autre chose
un commencement d’infini
au commencement
au commencement il y a
la terre
la terre qui tremble
encore
de nouveau
à nouveau au commencement
la terre tremble
et la pierre roule
attention ne tombe pas dans l’eau
ton pied est bien assuré
penses-tu
tu penses
c’est bien connu
cette pierre n’a pas eu le temps d’en amasser
de la mousse
à peine trois jours
trois jours à peine
il s’en est donné te rappelles-tu
de la peine
au commencement il y a la terre qui tremble la pierre qui roule
et l’éclair
c’est le cygne qui jaillit à droite
tu ne l’avais pas vu
les gardiens ont eu tellement peur
l’éclair si blanc
la frousse
la frayeur
étonnement de cet éclair
de peur ils étaient comme morts
les gardiens
ils ont tout vu ils ont tout entendu
mais taisez-vous
qu’ainsi commence
avec une bonne somme d’argent
oui
qu’ainsi commence
le grand mensonge de l’histoire
ce sont les disciples de cet homme
d’ailleurs quel était son nom
de Dieu comme des ombres comme des voleurs
ils sont venus
c’est pour cela que le tombeau est vide
ainsi commence le grand mensonge de l’histoire
mais toi heureusement
tu te souviens
tu es au-delà de l’histoire
sur la dernière pierre
et tu sais que ça ne tient pas la route
parce que les onze
les revoilà
les onze
figure-toi qu’ils étaient les premiers
à se la poser
ressusciter c’est pour bientôt
qu’ils demandaient
et bien malgré cela
malgré cette attente
malgré l’immanence
les onze
douze moins un porté disparu
tu te souviens
et bien voilà
les onze
ils ne croient pas eux non plus
ils ont tellement peur
des curés et des pasteurs
ils ont tellement peur
qu’au témoignage des femmes
ils ferment leurs cœurs
ils ont tellement peur
qu’on les prenne
qu’on les cloue
tu comprends ce n’était pas une mince affaire
ils ont tellement peur
qu’ils se barricadent
les portes sont fermées les volets sont fermés
ils s’enferment
le couvre-feu
c’est là
dans l’obscurité de la pièce
dans l’obscurité de la nuit
quand le lac devant toi est noir
dans l’obscurité de ta nuit
tu te rappelles
c’est là que
soudain
en plein repas
il entre comme un voleur cette fois-ci
par on ne sait où et
comme un éclair
la lumière est venue
les yeux des onze se sont ouverts
mais encore ça n’a pas suffit
non
non jamais voir ne suffit
il faut toucher il faut
sentir il faut
palper il faut
dans le trou son doigt
enfoncer remuer la chair
confirmer
oui
c’est bien du 16 millimètre
un peu plus pour les pieds
du 16 millimètre
le standard pour l’époque
du 16 millimètre
***
tu y croirais toi
à la vie de
quel est son nom
de Dieu quel est ce nom
de Dieu de Dieu quel est
ce nom de Dieu
ce nom de Dieu
oui
oui
oui ça y est
oui je sais
et toi
oui toi
toi qui te souviens qui te rappelles de l’histoire
ah
l’histoire
tu le croirais si
tu mettais ton doigt dans le trou du
Messie
il a osé l’autre
on ne se rend pas compte
mais toi
parce que les onze
c’est moi c’est nous c’est
toi
la même question
ça dure
ça dure
que c’est dur de
croire
la même question
ressusciter c’est pour bientôt
demande ce Jean d’une autre époque
à ce doute
à cette angoisse
que la vie passe
un point c’est tout
que la vie passe
une fois pour toute
il ne faut pas
mais on peut oui
répondre mais
je ne répondrai
non
je ne réponds pas
mais et oui
mais
je propose une chose
toute petite
la beauté d’une chose
car l’infinitif suspend
toute réponse à l’éternité
alors j’en fais pour Jean
pour toi mon Jean
pour tous ces gens
de cette angoisse de l’infini
de l’infinitif
permets-moi Jean
tout doucement
mon Jean
tout doucement
d’en faire un participe
passé
pour t’ouvrir à ce présent
pour t’offrir dès maintenant
de répondre à cette question
renouvelée
doucement
tout doucement
car c’est un doux
un si doux nom
un nom de Dieu
le nom de Dieu
qui t’offre là
dès à présent
ce présent pour
l’éternité
ce présent
tout est accompli
par sa vie
dans ta vie
dans sa vie
à jamais
renouvelée renouvelée renouvelée