Jean-Michel Perret
Le poète
Qui ne prend conscience
De ce qu’il va dire
Qu’en le prononçant
Ou de ce qu’il écrit
Qu’en l’écrivant
Peut-il rejoindre
Dans la spontanéité
De l’instant poétique
l’Eternité
De Celui qui précède
Toute parole ?
Faut-il appeler prière
Les mots de celui
qui s’adresse à Dieu,
Sans le connaître
ni le pratiquer
Et qui, pour ne pas sombrer,
S’arrache au désespoir
En redressant la tête ?
La poésie peut-elle
Être passage
Du ponctuel à l’éternel ?
En évoquant le présent
Qui sitôt présent devient… passé
Le poète parvient-il à inscrire dans le marbre
De la vérité poétique l’odeur, la couleur,
La musique d’un instant ou d’une fulgurance ?
Ce temps qui passe
Comme l’eau
Sous le pont Mirabeau
Peut-il se figer pour l’éternité
Et se muer en glace
comme par temps de grand froid ?
Sans doute la poésie,
Comme la prière véritable,
Échappe-t-elle aux catégories
De l’utilité et de la nécessité
C’est ce qui fait de la prière
Comme de la poésie
Une expression de la gratuité