Parce que la fête de l’Ascension, on ne se rappelle pas toujours ce qu’elle représente ni d’où elle vient, et qu’elle a inspiré de tout temps artistes peintres, poètes et musiciens.
Le contexte présenté par Anouk Dunant Gonzenbach
Qu’est-ce que l’Ascension ?
L’Ascension est une fête chrétienne qui est célébrée 40 jours après le jour de Pâques. Ainsi l’Ascension est toujours un jeudi, puisque le dimanche de Pâques est toujours un dimanche.
Que s’est-il passé à l’Ascension ?
Le dimanche de Pâques, des disciples disent avoir vu Jésus ressuscité ; plusieurs rencontres avec lui ont lieu dans les jours suivants. Puis, le jour de l’Ascension, c’est la dernière rencontre. Jésus leur donne pour mission de proclamer l’Évangile dans le monde entier ; après ces paroles, il est élevé au ciel. L’Ascension désigne ainsi le moment où Jésus monte aux cieux. La tradition situe ce moment sur le mont des Oliviers.
Où dans la Bible trouve-t-on ce récit ?
Deux évangiles mentionnent l’Ascension : Celui de Marc (Marc 16, 14-20) et celui de Luc (Luc 24, 36-53). On trouve aussi ce récit dans le livre des Actes des Apôtres, qui suit l’évangile de Luc : « A ces mots, sous leurs yeux, il s’éleva et une nuée vint le soustraire à leurs regards » (Actes 1, 9).
Que signifie l’Ascension ?
La signification de cet événement est l’entrée dans le Royaume de Dieu, aux Cieux, après la résurrection. C’est l’espérance du croyant : entrer dans le Royaume après la mort. Le ciel n’est ainsi pas entendu comme un lieu, mais comme une rencontre avec Dieu, l’endroit où est Dieu.
Pourquoi 40 jours après Pâques ?
Ce nombre de 40 jours vient du livre des Actes des Apôtres, dans lequel Luc écrit que Jésus s’était présenté vivant aux apôtres après la Résurrection et que « pendant quarante jours il s’était fait voir d’eux et les avait entretenus du Règne de Dieu ».
Depuis quand fête-t-on l’Ascension ?
Il semble que c’est au IVe siècle que l’Église fixe la date de cette fête 40 jours après Pâques et qu’elle est dès lors attestée. Les historiens pensent qu’elle remonte à des temps plus anciens.
Comment se fête l’Ascension dans la Genève réformée ?
Les fêtes sont bannies du calendrier genevois à la Réforme. À partir de 1550, le seul jour chômé est le dimanche. On laisse donc tomber le jeudi de l’Ascension pour ne garder que le dimanche, qui pour Calvin peut être marqué d’une prédication sur ce thème, mais sans plus. À partir du 17e siècle, certaines fêtes sont réintroduites, comme la fête des Rois. C’est à partir du 18e siècle que l’on recommence timidement à fêter les jours importants, explique le professeur Christian Grosse.
L’Ascension dans l’histoire de l’art ? Deux images, présentées par Jean Stern
1. Sacramentaire de Drogon. Image tirée d’un manuscrit enluminé du 9e siècle, conservé à la Bibliothèque nationale de Paris (MS lat. 9428)
2. Psautier de Saint Alban (Christine de Markyate), 12e s. (image tirée de M. Guénot, cf infra)
Les images moyenâgeuses nous font sourire par leur naïveté, ce Jésus qui tend la main à la grande main de Dieu (1), n’est-elle pas une métaphore de l’Ascension destinée aux enfants ? Tout comme cette autre représentation : Jésus disparu hors cadre de l’image (2), avec seuls les pieds qui dépassent encore…
Et si c’était, bien au contraire, une méditation profonde sur ce moment où ciel et terre se rejoignent ? Ces images nous diraient alors que le Royaume de Dieu, c’est à la fois Dieu qui nous accueille par la main, face-à-face, dans la rencontre des personnes. Et aussi que d’en dire plus, c’est-à-dire représenter le Royaume de Dieu, c’est juste trop grand pour la feuille de papier et trop grand pour nous, c’est un hors-champ : un espace pour que notre liberté d’y croire soit intact.
De toute façon, les deux anges qui accompagnent traditionnellement ce moment de l’Ascension nous disent déjà, comme à chaque fois qu’on les croise, que nous sommes devant un mystère : creusé par la foi, l’art ou la raison, cet événement a traversé deux mille ans sans une ride.
L’Ascension pour aujourd’hui ? Le regard décalé de Jean-Michel Perret
À Noël le Ciel s’est fait Terre
Par la naissance d’un enfant
Un peu de paille avant la pagaille
D’un dieu retrouvé crucifié
À Pâques l’adulte sacrifié
S’est fait rédempteur ressuscité
Puis la Terre s’est faite Ciel
Par l’Ascension du Vivant malgré tout
Et c’est de cette absence
Qu’est née l’espérance
Que tout n’est pas fini
Même quand le ciel se ternit.
L’Ascension en musique ? Le choix de Sans le seuil :
Avant l’Ascension, il y a l’abaissement, si bien exprimé par Henri Salvador dans « Ma douce vallée » :
Tu rêves de grimper tout en haut des sommets
Il n’y a rien là-haut qui vaille ta vallée
Reste dans ta chaumière auprès de la rivière
Reste dans ta chaumière il y fait chaud l’hiver
C’est dans la vallée qu’il y a ta maison
C’est dans la vallée que paissent les moutons.
Envie d’aller plus loin ?
Christian Grosse, Les rituels de la Cène. Le culte eucharistique réformé à Genève (XVIe-XVIIe siècles), Genève, Droz, 2008.