Cinq temps de convivialité, du 16 au 21 décembre, avec et à l’intention des étudiants de l’Université et de ceux qui passent. Un projet construit par l’Aumônerie, avec les activités culturelles, les huissiers, la rectorat, le restaurant des Bastions.
Le 16 décembre au temple de St Gervais, « Noël, tous en chœur », Chœur de chambre de l’Université.
Le 18 décembre, « Noël ethno » au restaurant des Bastions, avec le Chœur gospel universitaire et le chœur Gospel spirit.
Le 19 décembre, « Noël sans ailes », performance poétique d’Irene Strasly, et lectures d’Anouk Dunant Gonzenbach et Enrico Norelli.
Le 20 décembre, « les ailes du désir » de Wim Wenders, projeté à l’auditorium Arditi.
Le 21 décembre au temple de Plainpalais, « Noël par le chant » en gaélique, arabe, anglais, français. Et buffet canadien.
Le hall d’UniMail (Université de Genève)
C’est le hall d’UniMail, le mardi avant Noël. Un hall aux dimensions géométriques dantesques froides comme le béton, la cafétéria est tout au fond et c’est du courage qu’il faut pour (après un cours d’histoire économique épuisant mais dont on regrettera longtemps la qualité du prof dans un auditoire rempli de six cent étudiants) traverser ce hall et aller enfin demander un steack hâché avec une portion de beurre café de Paris dessus, du temps où on pouvait encore manger des steack hachés avec en plus du beurre dessus (et comme le cuisinier m’avait à la bonne j’avais droit à deux doses de beurre café de Paris).
C’est vingt ans après les doubles doses de beurre café de Paris, le hall est toujours aussi froid, le savoir toujours aussi transcendant, c’est mardi avant Noël et l’Université a ouvert l’escalier intérieur du milieu du hall et ses entrailles à la fête de Noël. Un ange descend de l’escalier avec des ailes en plumes blanches, récite au milieu un poème, la marche de l’escalier en béton se demande si elle est bien en béton.
Sur les tables dressées sur le sol en béton, des fours à raclette. Cornichons et petits oignons, paprika et cubis de blanc attendent le Noël des étudiants.
Le poème de l’ange, la guitare qui chante, et le professeur de théologie. Qui à la demande de l’ange, de la guitare ou de l’aumônier ayant organisé ce décalage total s’est questionné sur un Noël sans ailes.
Au cœur du savoir, du béton, du design et de la laïcité, sur la marche de l’escalier et devant le recteur, un message d’humanité limite chrétien. Au cœur de l’Etat au pouvoir séparé de l’Eglise, de la Genève des banques, de la diversité et des organisations internationales, de ce canton qui devra voter deux ans plus tard une loi sur la laïcité, le professeur de théologie questionne et message.
« L’université ne doit privilégier d’aucune manière une religion. Mais en tant qu’institution formatrice de personnes, elle peut orienter vers l’action commune de soutien de la dignité humaine, dont aucune religion n’a l’exclusivité mais qui est elle aussi symbolisée, pour les chrétiens, par Noël. En tant que lieu où on étudie pour projeter, évaluer et améliorer les institutions, l’université écoute l’appel à mettre le pouvoir – auquel on ne pourra jamais renoncer dans le monde humain – au service de qui est sans pouvoir et est broyé par le cynisme et les manipulations des seigneurs de ce monde. »
J’aimerais porter la parole du professeur de théologie, de l’ange, de la guitare et de la marche de l’escalier dont le béton s’est complètement remis en question à toutes les institutions de ce canton, à tous les dirigeants de ce pays, à tous les rois de l’économie, à toute l’infime minorité qui possède toutes les majeures richesses de la planète, à tous les maîtres de la terre, des eaux et des banquises, à tous les seigneurs de ce monde.
Anouk Dunant Gonzenbach