Par Jean-Michel Perret, 4 décembre 2020
L’Avent est cette période paradoxale où on se réjouit d’aller vers la lumière alors que les ténèbres croissent encore… Cette année 2020 est tendue vers un salut à venir, lumière au bout du tunnel ? Qui pourrait coïncider, alors même que les lieux de culte sont fermés, avec Noël et l’épiphanie. Les mages guidés par l’étoile iront-ils présenter à l’enfant non l’or, la myrrhe et l’encens, mais un vaccin AstraZeneca ? Ou porteront ils le vaccin Pfizer-BioNTech, fruit de l’anticipation d’un couple de migrants turcs établis en Allemagne devenus milliardaires pour avoir dès janvier cherché à contrer un virus présent à Wuhan alors que les grands labos, échaudés par la disparition soudaine du Sras de 2003, ne souhaitaient pas investir ? Les richesses matérielles ne sont pas loin, mais c’est la promesse de la santé préservée et du retour à un monde « normal » qui donnent à ces « présents » un poids considérable.
Seulement voilà, l’actuelle quête de salut se résume-t-elle à l’innovation technique ? Au-delà de la maladie qui tue nombre de nos anciens et met sur le flanc parfois pour plusieurs mois des personnes en bonne santé et dans la force de l’âge, la perte de repères et l’isolement croissant ne sont-elles pas présentes en dehors de la pandémie actuelle ?
La Bible, avec ses récits liés aux crises des deux exils du peuple hébreu et de la crucifixion du Christ, est une littérature à conseiller en ces temps de crise.
Ainsi l’Ecclésiaste, qui exprime son relativisme et sa confrontation à la vacuité de l’effort humain par la répétition des séquences qui caractérisent l’existence :
Il y a un temps pour naître et un temps pour mourir, un temps pour planter et un temps pour arracher ce qui a été planté, un temps pour se lamenter et un temps pour danser, un temps pour embrasser et un temps pour s’éloigner des embrassades, un temps pour la guerre et un temps pour la paix.
En cette année 2020 il y aura eu un temps pour ne pas porter le masque et un temps pour devoir le porter, un temps pour se distancer des siens et un temps pour se rapprocher de ses voisins, un temps pour s’étreindre et un temps pour laisser les siens s’éteindre sans pouvoir les étreindre, un temps pour espérer la paix et un temps pour redouter les bruits de bottes, un temps pour faire son pain et un temps pour l’acheter, un temps pour appréhender la complexité du monde actuel et un temps pour revenir aux choses simples.
Alors que d’aucuns au mois de mai espéraient un redémarrage en douceur pour l’environnement et l’humain qu’aujourd’hui rien ne vient conforter, puissions-nous, en ces temps ambivalents de l’Avent ou noirceur et lueur se chevauchent, manifester de la bonté par nos gestes et nos regards tout en respectant la distance et la santé de l’autre. Être solidaires les uns des autres c’est parfois rester distants, mais proches dans les cœurs